Pierre-Eric SUTTER de l’OBVECO est intervenu au colloque « La création artistique à l’heure de l’effondrement » Rencontres de la Sorbonne le 10 mars 2020 avec Julien Chirol de Music Unit, tous deux  membres du collectif « L’Armée des Douze sages » et promoteurs du projet « Requiem pour les temps futurs », œuvre musicale originale, à paraître en juin 2020, qui s’inscrit dans le courant de pensée de la collapsologie. Ils ont pu présenter deux extraits musicaux en avant-première et leur approche tant musicologique que philosophique de leur travail (pour télécharger les slides, cliquer ici). Cela a été l’occasion de présenter à nouveau les résultats de l’étude nationale de l’OBVECO qui a démontré que la narration collapsologique favorise la prise de conscience de l’angoisse de finitude, un peu comme jadis l’art funèbre, et qu’elle peut nous mobiliser vers la mise en œuvre d’un monde alternatif plutôt que de nous immobiliser de trouille, voire de nous démobiliser par déni d’ignorance…

Voici de larges extraits du site des Rencontres de la Sorbonne.

« Les motifs apocalyptiques ont traversé les époques et ont été des thématiques récurrentes chez les artistes. Épidémies, guerres, catastrophes naturelles… l’angoisse de la fin et la conscience de l’impermanence de la vie humaine expliquent peut-être la réactualisation de ces motifs à travers les âges. Aujourd’hui, l’angoisse climatique ressentie par un nombre d’individus grandissant ne serait-elle finalement pas la reconvocation de ce mal-être inhérent au genre humain?

Dans le contexte actuel de destruction des écosystèmes, de l’appauvrissement des ressources, de la montée des eaux, et face à un système capitaliste qui persiste dans ses logiques court-termistes, l’angoisse de l’effondrement n’a jamais été aussi forte. Comment se positionnent cette fois-ci les artistes? Comment traduisent-ils cette angoisse et cette urgence? Comment l’art peut-il encore aider à donner du sens ? Et comment penser une autre fin du monde?

Les affinités entre arts et sciences, y compris les sciences de l’environnement, ne datent pas d’hier. Premièrement, les deux domaines sont corrélés au concept de patrimoine : l’art, au patrimoine matériel ; l’environnement, au patrimoine naturel. Cette notion véhicule une même préoccupation de sauvegarde du passé et de transmission aux générations futures. Il y a par ailleurs un vocable commun. Qu’il s’agisse d’œuvres ou d’écosystèmes, les mots “préservation”, “restauration”, “conservation” et tant d’autres, les rythment et les relient, qui témoignent d’une proximité d’enjeux.

Au passage, le Grec technè et le Latin ars désignaient tout à la fois « art » et « techniques, sciences ». Enfin, la représentation de l’environnement et la place de l’être humain en son sein constituent l’un des sujets les plus visités en art, mêlant angoisse et fascination face à la nature, ses beautés et ses dangers, d’où les écrits philosophiques sur le Sublime, venus de la phénoménologie allemande ou de l’empirisme anglo-saxon.

Mais, face à l’urgence climatique dont nous prenons enfin conscience, quel est le réel potentiel de la création artistique? Quels rôles l’artiste et la culture peuvent-ils jouer face aux crises environnementales actuelles? Concrètement, de quelles façons l’art contemporain peut-il s’engager, agir autour de la cause environnementale?« 

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