La collapsologie est l’enfant rebelle de la cybernétique, cette gouvernance par les nombres qui irrigue nos sociétés. Cette cybernétique de Wierner, reprise par Hayek et qui irrigue nos sociétés. Cette cybernétique que critique à juste titre Alain Supiot dans la gouvernance par les nombres.  Dans notre monde formaté par les algorithmes et les traitements de données, nous réagissons à une débauche de calculs dont nous voulons qu’ils produisent une optimisation pour nous et pour la société en temps réel. Nous voudrions que ces algorithmes nous sortent de l’impasse écologique. Mais le collapsologue n’est pas dupe. Chiffres à l’appui, il objecte. C’est d’ailleurs son originalité. Il ne rejette pas l’utilitarisme. Il se sert des chiffres. C’est d’ailleurs pour cela que nous avions qualifiés dans une article précédent les collapsologues comme les pornographes de l’anthropocène.

Généralement, le collapsologue est à l’aise avec la culture numérique qu’il intègre dans son quotidien. Parfois tellement à l’aise, qu’il est capable par l’intelligence collective des réseaux de mettre le nez dans les équations pour montrer que la gouvernance algorithmique ne régule en rien l’entropie, les dépassements de seuil et les boucles de rétroaction. Il n’est pas sans ironie que la prise de conscience collapsologique découle d’un modèle informatique constitué d’équations différentielles, Le fameux modèle World 3 du Club de Rome au fondement du rapport Meadows.

Le discours collapsologique montre que nos écoumènes échappent à nos contrôles d’humains soi-disant modernes. A l’aide de cette culture numérique, les collapsologues montrent que l’information statistique et le codage ne tombent pas du ciel ; Ils sont révélateurs d’une réalité antérieure et de choix parfois mortifères que l’on cache, par exemple, le tout pétrole.

En exerçant son esprit critique habilement démultiplié par la cybernétique, le collapsologue retrouve son agentivité. Il exerce sa capacité à agir dans le système, avec les outils du système. Il ne renie en rien les chiffres. Il voudrait qu’on les respecte. Puisque notre consommation est limitée à 2 tonnes de CO2, utilisons les données pour produire un chemin de résilience. Qu’allons-nous optimiser pour atteindre l’objectif ? Quels indicateurs retenir ? Comment reparamétrer les équations du consumérisme pour qu’il ne soit plus délétère ?

Et c’est pour cela que le discours collapsologique a autant d’impact et de détracteurs. Il parle le langage du système dominant fait de courbes et de statistiques. Mais à revers de ce discours dominant le collapsologue affirme qu’il y a une vie derrière les statistiques. Que l’utilitarisme de saurait être une fin en soi. Il affirme que le but d’une vie n’est pas la gestion parcimonieuse des ressources. Nous y reviendrons dans un prochain article.

Loïc Steffan & Pierre-Eric Sutter

 

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