Dans le contexte de crise de Coronavirus, nous sommes en train de redécouvrir l’essentiel. Notre fragilité et celle de nos besoins de bases d’abord. Se nourrir, prendre soin de soi et de ceux que l’on aime. Mais surtout respirer un air sain: le virus s’attaque à cette fonction essentielle de notre organisme. Plus encore, nous redécouvrons que nous sommes mortels; pire, l’absurdité de la mort nous saute au visage. La Covid-19 frappe ceux qui s’acharnent à nous soigner, au risque de désorganiser les hôpitaux. Nous n’en sommes pas encore à l’effondrement de notre société, interruption de tous les services de base, comme le prophétise Yves Cochet. Mais cela ressemble fort à une répétition générale du collapse et cela ravive nos peurs les plus enfouies, notamment notre angoisse de finitude.

Se remémorer que sa vie a une fin fait peur au point que l’on refoule l’idée de mort, au plus profond de notre inconscient ; c’est l’angoisse de finitude. La Covid-19 provoque un retour du refoulé ; cette angoisse qui resurgit peut nous immobiliser comme nous mobiliser. A l’inverse, l’absence de peur peut nous pousser à commettre des bêtises, faute d’une prise de conscience suffisante des dangers, malgré les informations diffusées qu’on ne veut croire. La peur a ceci de positif qu’elle provoque une « métanoïa », un élargissement du champ de conscience, en une  « Weltanschauung » nouvelle, une conception du monde qui fait sens différemment.  Tout l’enjeu consiste à apprivoiser ses peurs plutôt qu’à les enfouir : « seul l’action nous délivre de la mort » écrivait St-Exupéry. Mais comment faire ?

Ce mécanisme de mobilisation par l’angoisse de finitude, nous l’avons appréhendé dans les enquêtes de notre Observatoire des vécus du collapse et présenté dans les pages de ce blog. Nous avons interviewé des collapsonautes qui ont vécu et dépassé tout ce processus qui va de la peur de la mort à la mort de la peur. Nous les avons reprises et explicitées dans notre ouvrage « N’ayez pas peur du collapse » (préfacé par Pablo Servigne, à paraître 3 juin 2020). Les « collapsonautes » que nous avons interrogés sont obsédés par de multiples fins : fin des ressources, fin du consumérisme, fin de la biodiversité ou plus prosaïquement, fin de l’existence voire fin du monde. Ils semblent, de prime abord, traumatisés par la narration collapsologique.

La prise de conscience que provoque cette dernière agit toutefois comme un « starter » qui les met en action. En amont de de nos enquêtes, nous avons découvert leurs effrois variés, mais aussi en aval leurs récits de vie où l’imaginaire de progrès, de technique démiurgique a été remplacé par une reconnexion à la nature, l’acceptation des aléas de la vie et l’entraide, qui débouche sur un « faire société » alternatif. La narration collapsologique semble ainsi avoir le pouvoir de changer le sens de notre rapport au monde. Les réflexions et actions de ces collapsonautes constituent de véritables exercices existentiels à méditer, ils proposent une porte d’entrée vers une autre manière d’être au monde, entre peur de la mort et amour de la vie.

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Pierre-Eric SUTTER & Loïc STEFFAN

 

 

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