« une répétition générale »
COLLAPSOLOGIE Pour Loïc Steffan, auteur de « N’ayez pas peur du collapse » et professeur d’économie à Albi, la crise actuelle n’est pas un collapse mais elle doit aider notre société à préparer l’après-effondrement…

La crise actuelle n’est pas un collapse. Selon la définition d’Yves Cochet le collapse advient quand les services essentiels de base ne sont plus assurés par l’Etat (plus d’électricité, plus d’eau, plus de transport, plus de soin, plus de nourriture dans les magasins). Pour l’instant la lo­gistique et l’approvisionnement alimentaire tiennent le coup. Le système médical et hospitalier aussi… »

Pour Loïc Steffan, si « on est loin du collapse», le confi­nement et ses conséquences font vivre « une sorte de stress- test». L’auteur de «N’ayez pas peur du collapse» pense que le «stress-test» actuel devrait passer «mais à quel coût?» Les médicaments sont fabri­qués à 80 % « à l’autre bout du monde et les masques nécessaires aux soignants ne sont pas dis­ponibles… » Le professeur de gestion à l’Institut universitaire Champollion à Albi estime que l’on a oublié « la notion de stock stratégique (alimentaire, de pétrole, de médicaments, etc.) ». La pandémie doit servir de « répé­tition générale et nous faire réflé­chir à la nécessité de modifier le fonctionnement de nos sociétés ». Une répétition qui « valide les hypothèses des collapsologues». Notamment celle du «carac­tère systémique des crises» Des sociétés « trop connectés » et «les chocs se propagent». Un virus pandémique est parmi les scénarios possibles évo­qués par Pablo Servigne et Ra­phaël Stevens dans « Comment tout peut s’effondrer», ou par Loïc Steffan sur son blog… Ce dernier, pour expliquer la «suppression des doublons par l’économie de marché », prend l’exemple de deux villages avec chacun, un boulanger. «Les deux villages se regroupent. Le meilleur des deux prend tout. Mais s’il tombe malade, il n’y a

plus de pain… » La sécurité alimentaire compromise. Heureusement, le Covid 19 montre que « les solidarités et les services publics permettent de limiter les dégâts. En France, il y a des amortisseurs sociaux. Aux Etats-Unis, les travailleurs malades continuent leur activité et propagent le virus car ils n’ont pas tous de couverture maladie malgré les efforts d’Obama dans ce sens…»

« Deux sagesses »

Loïc Steffan espère que l’expérience acquise durant la pandémie et ses conséquences, confinement, économie en berne, ou krach boursier, servira. Servir d’abord à préparer notre société à l’après-collapse. « Cet épisode est de faible inten­sité par rapport à ce qui nous at­tend d’après les différents modèles disponibles… Aujourd’hui, nous avons de l’énergie. Les transports de marchandises sont assurés». Demain, la fin de l’investis­sement dans le forage et l’in­dustrie du pétrole de schiste américain laminée auront pour conséquence « le manque d’or noir pour une reprise correcte après cette pandémie » En atten­dant, l’épisode actuel du Co­vid 19 conforte «totalement» le collapsologue albigeois dont le dernier livre montre « deux voies du chemin de vie qui va de la peur à une nouvelle sagesse». Sagesse extérieure (action et changement de vie) et sagesse intérieure (réflexion philoso­phique et recherche de sens) pour les « collapsonautes » qui témoignent dans « N’ayez pas peur du collapse » : « ils ont digé­ré la finitude, par l’action ils sont passés de la peur de la mort a la mort de la peur. Ils vivent dès lors plus sereinement le confinement actuel » souligne Loïc Steffan qui enfonce le clou : « oui décidemment, il y a une vie après la peur du collapse et l’épisode ac­tuel valide nos propos »…

François Astorg

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