Lorsque l’on prend conscience de l’effondrement, l’ensemble des variables devient rapidement complexe et accablant. Faut-il se préoccuper du système économique ? De la possibilité d’une catastrophe naturelle ? Du système politique en place ? Dans un système où tout interagit, quelle sera la cause première de l’effondrement ? Comment celui-ci risque-t-il de se dérouler ?

Pour apaiser les esprits et entamer une réflexion, nous pouvons nous tourner vers ces collapsologues qui ont créé des modèles de l’effondrement. Dmitry Orlov, l’auteur de l’ouvrage The Five Stages of Collapse, détaille dans son travail les cinq étapes qui, selon lui, caractériseront le collapse. Ce modèle, qu’il applique aux Etats-Unis, est basé sur sa propre observation de l’effondrement de l’Union Soviétique. D’après ce modèle, chaque étape du collapse correspond à des “brèches d’un certain niveau de confiance, ou de foi, dans le statu quo”.

Les étapes d’un collapse

Etape 1 : effondrement financier. D’après Orlov, la foi dans le système financier sera la première à s’effriter. Le prêt avec intérêt n’étant viable que dans le cadre d’une économie en développement constant, une stagnation prolongée de la croissance économique mettra nécessairement un tel système en échec. La croissance économique, quant à elle, est particulièrement liée à l’énergie et aux sources d’énergie. Avec l’épuisement des ressources d’énergie fossile, les prix de l’énergie augmentent, et forcent le pays à s’endetter jusqu’à ce que le niveau d’endettement atteigne un point de non-retour. A ce niveau, les importations cessent, entraînant des conséquences inévitables sur le système commercial.

Etape 2 : effondrement commercial. A cette étape, qui est une conséquence inévitable de l’effondrement financier, les lois du marché cessent de s’appliquer. En d’autres mots, la foi  en la capacité du marché à approvisionner la population est perdue. Les produits clés deviennent rares, et la population a recours à l’accumulation de ressources tant qu’elles sont disponibles. Avec une forte dévaluation de l’argent, les vendeurs potentiels viennent à demander des services en échange de leurs produits. Les articles d’importation se font rares.

Etape 3 : effondrement politique. Après l’effondrement commercial, la population cesse
progressivement de croire en la légitimité de la classe politique et du gouvernement. L’autorité du gouvernement diminue, et ce dernier devient de moins en moins capable de faire respecter la loi ou d’assurer les services publics.

Etape 4 : effondrement social. A cette étape, la foi dans l’entraide est perdue. Avec la disparition des services essentiels à la population, la solidarité est mise en danger et l’entraide laisse place à la confrontation. Les strates de la population auparavant les plus aisées ont plus de mal à s’intégrer dans les systèmes de marché noir. Selon Orlov, cette étape est un stade critique que nous devons éviter d’atteindre à tout prix. Pour pallier à cela, la solution proposée est de créer dès maintenant des communautés locales, cohésives et responsables, ce qui n’est pas sans rappeler les visions de l’avenir d’autres collapsologues.

Etape 5 : effondrement culturel. A cette étape extrême, la foi dans l’humanité même disparaît. Les individus perdent leur capacité à exprimer “la gentillesse, la générosité, la considération, l’affection, l’honnêteté, l’hospitalité, la compassion, la charité”. Cela ne mène pas nécessairement à de l’agressivité, mais à une attitude plus passive et excessivement détachée dans les relations interindividuelles.

Optimisme et lucidité

Dmitry Orlov ne se voit pas comme un pessimiste. Bien qu’il considère que certains systèmes sont sur le point de s’effondrer, cela n’empêche pas pour autant de mener une vie épanouissante, de s’adapter, et de préparer une autre existence après l’effondrement.

Aujourd’hui déjà, des groupes de réflexions planifient le monde de demain. Les modèles du collapse comme celui d’Orlov ne doivent pas être vus comme une fin inéluctable de
l’humanité, mais plutôt comme une description éclairée des obstacles que nous pourrions avoir à surmonter avant d’entrer dans une nouvelle ère.

Chaque collapsonaute forme sa propre vision de l’effondrement, qui devient infiniment plus nette à chaque information supplémentaire. Des modèles comme celui-ci ne doivent pas être tenus pour parole d’évangile. Ils doivent être remis en question, réévalués, et intégrés dans la vision du monde du collapsonaute, pour que ce dernier devienne de plus en plus lucide et pertinent dans sa conception de l’avenir.

Dylan Michot

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