État d’avancement des travaux de validation française de l’EEAH, l’échelle de l’éco-anxiété de Hogg (HEAS, Hogg Eco-Anxiety Scale)

Par Sutter, P.-E.1,3, Fenouillet, F.2, Steffan L.3, Michot, D.3, Martin-Krumm, C.1,4, 5

  1. VCR Laboratoire de Psychologie de l’École de Psychologues Praticiens de Paris, France
  2. Laboratoire Interdisciplinaire en Neurosciences, Physiologie et Psychologie : Apprentissages, Activité Physique, Santé (LINP2-2APS), Université Paris-Nanterre, France
  3. Observatoire des vécus du collapse, Paris, France
  4. EPSAM/APEMAC UR 4360, Université de Lorraine Metz, France
  5. IRBA Brétigny, France

Introduction

La crise environnementale est sans doute la problématique la plus importante du XXIème siècle à laquelle l’humanité se confronte. Les scénarii des experts du climat se confirment d’année en année (Meadows, 1972, GIEC, 2022) : du dérèglement climatique à la sixième extinction massive en passant par la montée des eaux ou les migrations forcées, la question n’est plus de savoir si les conséquences de cette crise se feront ressentir, mais quand et à quelle intensité. Déjà, les répercussions en chaîne sont nombreuses, tant dans notre environnement que dans nos existences.

Ces répercussions sont la cause d’interrogations et de préoccupations grandissantes dans la population mondiale. Une étude récente présentée dans The Lancet (Hickman et al., 2021) met en évidence une forte inquiétude chez les jeunes. Sur 10 000 sujets âgés de 16 à 25 ans et de dix pays, 59% indiquent être « très » ou « extrêmement » inquiets quant aux effets du changement climatique. 45% estiment que leurs sentiments en rapport avec le climat ont exercé une influence négative sur leur vie quotidienne. Plus encore, 56% d’entre eux estiment que l’humanité est condamnée.

Cette inquiétude spécifique est conceptualisée comme éco-anxiété. Ce terme peut être entendu comme « une peur chronique de la catastrophe environnementale » (Clayton et al., 2017), par-delà les événements climatiques extrêmes, de plus en plus relayés par les médias (Fougier, 2021). L’éco-anxiété englobe des sentiments d’inquiétude et d’appréhension liés aux conséquences des activités thermo-industrielles sur l’environnement. Accréditées par des recherches scientifiques reprises par les experts du GIEC, vulgarisées par la narration collapsologique (Diamond, 2006 ; Servigne et al., 2015), ces conséquences risquent d’obérer les conditions d’une vie acceptable (hausse invivable des températures, désertification des sols, stress sur les ressources alimentaires…), voire de menacer la stabilité des civilisations humaines, activant l’angoisse de finitude, tant personnelle qu’eschatologique (Sutter et al., 2022).

Confrontés à ces mauvaises nouvelles, les individus qui y sont sensibles recourent à des recherches d’informations complémentaires qui ajoutent de l’inquiétude à leur inquiétude. Ils découvrent l’effet systémique des problèmes environnementaux et le peu de solutions mises en œuvre, ce qui les rend peu à peu éco-anxieux (Sutter & Steffan, 2020 ; Clayton & Karazsia, 2020).

Écrasés par le poids de ces informations anxiogènes, terrassés par un stress « pré-traumatique » (Schmerber, 2019) pour lequel ils n’ont pas les ressources de coping appropriées (Sutter & Steffan, 2020), envahis par leurs ruminations de fin des temps qui les empêchent de dormir (Pihkala, 2020), isolés par autrui qui les blâment de ressasser leurs inquiétudes pessimistes (Desbiolles, 2020), certains éco-anxieux en viennent à consulter des spécialistes en psychopathologie (Sutter & Steffan, 2020). Toutefois, bien qu’étant compétents pour traiter leurs affections psychopathologiques, ces derniers se trouvent démunis face à l’éco-anxiété de leurs patients, celle-ci n’étant pas reconnue par l’OMS (CIM 11, 2022)[1]comme aucune autre « éco-pathologie », alors qu’elles font l’objet de débats et de recherches croissants (Hogg et al., 2021).

La popularité du terme « éco-anxiété » peut par ailleurs détourner l’attention à d’autres sentiments. Stanley et al. (2021) ont par exemple mis en évidence un phénomène « d’éco-colère », en étudiant comment celui-ci peut se distinguer de l’éco-anxiété et de « l’éco-dépression ». Bien que les mesures soient rudimentaires, il est à noter que l’éco-colère semble être une meilleure incitation à l’action que ses équivalents anxieux ou dépressifs.

Pour faire avancer la recherche sur les effets des changements environnementaux sur la psyché humaine, il est utile de préciser le concept d’éco-anxiété sur deux axes : d’une part en lui apportant une définition universelle, d’autre part en la cernant comme un état mental et psychique descriptible, donc mesurable. Le phénomène d’éco-anxiété ayant été identifié simultanément dans plusieurs pays, il fait l’objet de recherches diverses à travers le monde (Hogg et al., 2021). S’il existe une structure transverse de ce concept, peut-on définir consensuellement l’éco-anxiété puis la mesurer avec une même échelle, quelles que soient les caractéristiques des populations approchées (pays, classe d’âge, niveau d’étude…) ?

[1] Le moteur de recherche accessible en ligne du répertoire du Classement international des maladies (CIM), supervisé par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), a été consulté le 30/08/2022 en utilisant les requêtes “éco-anxiété” et “éco-pathologie”. Le résultat obtenu pour ces deux requêtes est “not found”.

Présentation de l’échelle d’éco-anxiété de Hogg (EEAH-13)

Hogg et al. (2021) proposent une définition de l’éco-anxiété, selon nous aboutie, et un outil psychométrique robuste – l’échelle d’éco-anxiété de Hogg (Hogg Eco-Anxiety Scale – HEAS-13) – validé auprès d’une population australo-néo-zélandaise. Pour évaluer la transculturalité du concept et celui de sa mesure, il convient de transposer l’échelle dans un autre contexte culturo-linguistique.

Comme définie par Hogg et al. (2021), l’éco-anxiété est un état psychologique de « détresse mentale et émotionnelle qu’un individu peut ressentir en réponse à la menace du changement climatique et aux problèmes environnementaux mondiaux » (p. 3), état qui peut, dans ses formes les plus aigües, nécessiter le recours à un praticien. La définition étant posée, reste à présenter la façon dont l’éco-anxiété est mesurée par l’HEAS-13.

L’HEAS-13 est constituée de 13 items (cf. annexe) répartis en 4 familles de facteurs. La validation de cette échelle a mis en évidence le caractère multifactoriel du construit : d’après la structure identifiée par Hogg et al., les symptômes affectifs, la rumination, les symptômes comportementaux et l’anxiété ressentie quant à l’impact de ses propres actions composent les quatre facettes de l’éco-anxiété. Les différentes facettes sont en relation avec le stress, l’anxiété ou la dépression mesurée par la DASS (Lovibond & Lovibond, 1995) et négativement corrélée avec la satisfaction de vie (Diener et al., 1985). L’objectif de notre étude est d’évaluer si cette structure de l’éco-anxiété et les relations qu’elle entretient avec d’autres mesures peut se retrouver auprès d’un public francophone.

Méthode

Participants

Notre échantillon est composé de 445 participants (320 femmes, 118 hommes, 6 non-binaires et 1 non-réponse) âgés de 30,49 ans en moyenne (écart type=13.86, max=80, min=17). Un sous-échantillon de 218 participants a passé deux autres échelles qui ont été utilisées pour d’autres qualités psychométriques (voir infra), en plus de la version française de l’échelle de Hogg.

Mesures

Eco-anxiété : L’HEAS-13 (l’EEAH-13 en français ou EEAH) a été traduite par deux spécialistes de psychologie bilingues de langue maternelle française conformément aux recommandations de Brislin (1970). Après la traduction de chaque version, les chercheurs responsables de recherche ont réuni les traducteurs qui ont confronté leurs versions et procédé à des modifications jusqu’à l’obtention d’un accord satisfaisant. L’EEAH est composée de 4 dimensions : sentiments d’anxiété (4 items ; dimension A), pensées ruminatives sur les événements environnementaux négatifs (3 items ; dimension R), symptômes comportementaux de l’éco-anxiété (3 items, dimension C), anxiété liée à l’impact personnel sur la planète (3 items ; dimension I). Les réponses ont été mesurées sur la même échelle de fréquence à 4 points (0 = pas du tout, 3 = presque tous les jours).

Satisfaction de vie : La Satisfaction with life scale (SWLS) a été administrée aux participants. Ses cinq items permettent d’obtenir une mesure globale du bien-être subjectif de l’individu au travers de sa satisfaction. Cette échelle, régulièrement utilisée dans les recherches internationales, a été créée par Diener et al. (1985) puis validée en français par Blais et al. (1989). Les participants ont répondu sur une échelle de Likert en sept points allant de « pas du tout d’accord » à « tout à fait d’accord ».

Anxiété : L’échelle DASS (Lovibond & Lovibond, 1995) a été administrée aux participants. Cette échelle mesure l’anxiété, la dépression et le stress. L’échelle est composée de 21 items, sept pour chacune des trois sous-échelles : dépression, anxiété et stress. Les participants devaient indiquer s’ils avaient ressenti chaque symptôme au cours de la semaine précédente en utilisant une échelle à 4 points (0 = n’a pas du tout été ressenti – Jamais, 3 = Presque toujours).

Questions sur le climat : Les participants ont également répondu à deux questions sur le climat évaluant leur intérêt pour une des thématiques centrales centrale de l’éco-anxiété. Question climat 1 : « Si j’apprends une nouvelle information sur le changement climatique, elle a tendance à me rester à l’esprit ». Question climat 2 : « Lorsque j’entends parler de changement climatique, j’en parle à d’autres personnes ».

Procédure

Les échelles ont été administrées à des étudiants d’écoles et d’universités. Des médias de presse et numériques ont également collaboré en diffusant le lien de l’enquête en ligne. L’ensemble des réponses sont anonymes et confidentielles. L’accès aux données a été réservé à l’étude et protégé. L’adresse électronique a été obtenue sur volontariat dans le but unique d’évaluer l’effet test-retest. 36 personnes ont accepté de participer au retest. Le retest s’est déroulé environ 4 semaines après la première passation. La passation, effectuée en deux vagues, a permis de constituer l’échantillon.

Analyse des données

La stratégie analytique a suivi 2 étapes. Tout d’abord, il s’agissait de vérifier les propriétés descriptives et psychométriques des construits à l’aide d’analyses de fiabilité (en utilisant McDonald où ω < .70 est considéré comme acceptable ; Dunn et al., 2014) et de la modélisation par équations structurelles exploratoires (MESE). L’ajustement du modèle a été testé avec les indicateurs suivants pour valeurs seuils recommandées (Hu & Bentler, 1999) RMSEA ≈.08, SRMR ≈.08, CFI ≈.95, et TLI ≈.95.

Pour mesurer la validité concourante de l’échelle, nous avons ensuite vérifié si les mêmes échelles que celles utilisées par Hogg et al. (2021) étaient bien significativement corrélées avec la version française de l’EEAH. 

Résultats

Les statistiques descriptives ont été réalisées avec R 4.0.4 (package Psych 2.09) et Jamovi 2.00.0.0. Les analyses en modélisation par équations structurelles ont été réalisées avec Mplus version 8.8 (Muthén & Muthén, 2017).

Modélisation par équations structurelles exploratoires (MESE)

La MESE (voir annexe 1) a été réalisée afin de valider la structure factorielle de l’EEAH. Contrairement à l’AFC (analyse factorielle confirmatoire), la MESE permet aux items d’être corrélés avec tous les facteurs et combine ainsi les avantages de l’AFE (analyse factorielle exploratoire) et de l’AFC en une seule analyse (Marsh et al., 2014). Pour établir clairement la structure factorielle, s’il est acceptable que les items soient faiblement corrélés avec tous les facteurs, il est essentiel que la corrélation soit plus forte avec le facteur qui représente le construit psychologique sous-jacent.

Pour réaliser la MESE, nous avons opté pour une solution avec l’estimateur WLSMV qui n’est pas sensible à la normalité des données et une rotation oblique GEOMIN. En effet les analyses descriptives ont fait apparaître que les items C1 et C2 ont un kurtosis qui est supérieur à 2 ce qui indique que les distributions de ces deux items s’écartent fortement d’une distribution normale.

Les items de chaque facteur présentent des corrélations supérieures à .49 sur leur facteur et des corrélations inférieures à .30 sur les autres facteurs (Annexe 1). La qualité de l’ajustement du modèle a également été mesurée en prenant en compte différents indicateurs de référence. Les résultats de la MESE sont largement supérieurs aux seuils recommandés même si le χ2 reste significatif [χ2(32) = 66.01, p<.001, RMSEA=.05 (CI 90% 0.03 – 0.07), CFI=.99, TLI=.99, SRMR=0.02]. Enfin nous pouvons noter que toutes les dimensions ont une consistance interne supérieure au seuil attendu de .70 (Annexe 1).

La stabilité temporelle de l’EEAH a été testée en demandant à 36 participants ayant déjà répondu une première fois au questionnaire de répondre une deuxième fois 4 semaines plus tard. La corrélation sur l’ensemble de l’échelle à ces deux passations est supérieure à .70 (r=.80, p<.001) ce qui dénote d’une bonne stabilité temporelle. Les quatre dimensions de l’EEAH dans sa version française sont toutes significativement corrélées entre elles (Annexe 2).

Comme nous pouvions nous y attendre, nous observons également des corrélations positives et significatives entre les quatre dimensions de l’EEAH avec l’anxiété, la dépression et le stress mesurés par la DASS à l’exception de la dimension d’anxiété (« a ») qui n’est pas corrélée à la dimension d’anxiété liée à l’impact personnel sur la planète (« i ») de l’EEAH (r=.11, ns).

Là encore, conformément à nos attentes, la SWLS est significativement et négativement corrélée avec la dimension de pensée ruminative sur les événements environnementaux négatifs (« r ») (r=-.18, p.<.01) et la dimension de symptômes comportementaux de l’éco-anxiété (« c ») (r=-.19, p<.01) de l’EEAH.

Les deux questions sur les climats sont toutes les deux corrélées significativement avec les quatre dimensions de l’EEAH avec des corrélations allant de r=.17 (p<.05) entre la question climat 2 et la dimension des symptômes comportementaux de l’EEAH, à r=.50 (p<.001) entre la question climat 1 et la dimension de l’impact personnel sur la planète de l’EEAH.

Discussion

L’objectif de cette étude était de tester les qualités psychométriques de l’échelle d’éco-anxiété de Hogg et al. (2021) dans sa version française. Elle se compose de treize items destinés à mesurer le niveau d’éco-anxiété des personnes selon les quatre dimensions la composant conformément à la définition de Hogg et al. (2021).

Dans leur ensemble, les résultats révèlent les qualités psychométriques satisfaisantes de l’échelle dans sa version française. 1) La modélisation par équations structurelles exploratoires a permis de montrer que les données s’ajustent très bien à une structure attendue en quatre facteurs et que la consistance interne de toutes les dimensions est bonne. Les résultats révèlent 2) que sa validité concourante est conforme aux attentes. Les mêmes échelles que celles de la validation originelle de Hogg et al. (2021) ont été adoptées dans leurs versions françaises. In fine, la version française de l’échelle de Hogg et al. (2021) présente des validités de construit et concourante qui en font un outil adapté et valide pour évaluer valablement l’éco-anxiété auprès d’un public francophone.

Disposer d’un outil de mesure robuste en langue française était le préalable pour étudier les antécédents et les conséquences de l’éco-anxiété en France. Cet outil ouvre de fait plusieurs perspectives d’études. Tout d’abord, celle de comprendre la manière dont l’éco-anxiété se vit dans la population, en envisageant des études longitudinales réalisées sur un terme de plusieurs années. La cinétique pourra ainsi être observée, des différences selon les tranches d’âge et les sexes pourront sans doute être mises en évidence, permettant en retour d’envisager des mesures destinées à en limiter l’évolution lors que celle-ci tend à une augmentation de l’éco-anxiété.

Ensuite, cet outil offre également la possibilité d’étudier les antécédents et plus précisément les potentiels facteurs de vulnérabilités chez les personnes. En effet, l’éco-anxiété se construit-elle dans les interactions entre l’individu et son environnement ? Des individus sont-ils plus susceptibles de la développer au regard de vulnérabilités qu’il serait possible d’identifier ? Est-il par exemple possible d’identifier des profils qui seraient protecteurs ou au contraire de vulnérabilité selon les niveaux de ressources psychologiques, d’optimisme, d’espoir ou de résilience par exemple ? Quelles seraient les conséquences de ces profils sur des variables comportementales, cognitives ou émotionnelles ? Quelles conséquences sur la santé d’une manière générale ?

Au-delà des antécédents et de l’identification de potentiels profils (vulnérables vs robustes par exemple) disposer d’une échelle de mesure valide dans sa version française ouvre aussi des perspectives de recherches sur les conséquences de l’éco-anxiété. Les comportements se différentient-ils selon les profils, si oui, à quel niveau ? Quelles sont les variables d’intérêt ? L’identification de conséquences délétères associées à certains profils pourrait permettre non seulement de mettre en œuvre des contre-mesure mais aussi des prises en charge adaptées.

A l’instar des recommandations de Pikhala (2021), il sera donc possible d’envisager également que l’EEAH soit utilisée pour évaluer les progrès des éco-anxieux en psychothérapie notamment en développant les stratégies de copingdes patients (Ojala, 2012). Il a par exemple été montré que sur un échantillon d’enfants suédois, une stratégie d’adaptation centrée sur le problème aurait tendance à renforcer les sentiments négatifs, tandis qu’une stratégie centrée sur le sens pourrait agir comme un “tampon” qui protège l’individu des sentiments négatifs et lui donner une perspective existentielle (Ojala, 2012). L’objectif étant d’accompagner les individus dans leur recherche de sens face à la crise en développant des solutions d’action qui les engagent, les satisfont et protège leur santé mentale, et non seulement d’atténuer leurs sentiments d’anxiété.

Enfin, dans la continuité de ces travaux, de prochains développements sont envisagés sur les manifestations d’angoisses existentielles (angoisse de finitude, de solitude…) tel que l’appelle Pihkala (2020) de ses vœux, afin d’affiner le concept d’éco-anxiété vers une perspective noétique, en complément des dimensions psychiques et mentales, tel que développé par le courant de la psychologie existentielle (Bernaud, 2021).

Comme toutes les études, celle-ci présente un certain nombre de limites. La validation d’une échelle n’est jamais terminée et offre de multiples possibilités d’études complémentaires (étalonnage distinguant les classes d’intensité d’éco-anxiété et établissant des profils d’éco-anxieux selon des seuils ad hoc). De fait, des études sont en cours afin de lever les interrogations qui demeurent.

Conclusion

Notre étude est une première du fait qu’elle a transposé dans le champ francophone l’échelle de Hogg en montrant sa robustesse à mesurer l’éco-anxiété, tant dans l’univers culturel australo-néozélandais que français. Cette étude a révélé que l’EEAH présentait les qualités psychométriques adéquates. Dès lors qu’elle sera étalonnée, elle offrira les opportunités suivantes :

  • 1/ Du point de vue macro : mesurer un score global d’éco-anxiété en mettant un premier chiffre sur la quantité estimée d’éco-anxieux francophones et suivre l’évolution de ce score via un observatoire ad hoc (l’OBSECA, Observatoire de l’éco-anxiété, partenariat entre l’OBVECO et la Maison des éco-anxieux) ; évaluer le poids et l’intensité de leur mal-être ; établir des profils psychologiques avec des seuils de risque.
  • 2/ Du point de vue micro : en amont, affiner le diagnostic différentiel des éco-anxieux consultant en institution ou en psychothérapie avec des personnels formés à l’utilisation des outils psychométriques ; fort d’une meilleure compréhension de leur expérience phénoménologique, en aval, les accompagner par un soutien thérapeutique en adéquation avec leur profil d’éco-anxieux.

 

Bibliographie

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Blais, M. R., Vallerand, R. J., Pelletier, L. G., & Brière, N. M. (1989). L’échelle de satisfaction de vie : Validation canadienne-française du « Satisfaction with Life Scale ». Revue canadienne des sciences du comportement, 21(2), 210–223.

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Marsh, H. W., Morin, A. J. S., Parker, P. D., & Kaur, G. (2014). Exploratory structural equation modeling: An integration of the best features of exploratory and confirmatory factor analysis. Annual Review of Clinical Psychology, 10(1), 85–110.

Meadows, D. Meadows, D., Randers J., & Behrens, W. W. (1972). The Limits to Growth. Universe Books.

Muthén, L. K., & Muthén, B. O. (2017). Mplus Version 8.0.  Muthén & Muthén.

Ojala, M. (2012). How do children cope with global climate change? Coping strategies, engagement, and well-being. Journal of Environmental Psychology, 32(3), 225-233.

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Stanley, S. K., Hogg, T. L., & Leviston, Z. (2021) From anger to action: Differential impacts of eco-anxiety, eco-depression, and eco-anger on climate action and wellbeing. The Journal of Climate Change and Health, 1, (100003), 1-5.

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Annexe 1

Résultat de la MESE, oméga et statistiques descriptives.

 Items Facteurs Descriptives
  1 2 3 4 M ET R2
A1 .49 1.28 0.85 .63
A2 .52 0.71 0.86 .43
A3 .83 0.79 0.82 .75
A4 .68 0.99 0.85 .62
R1 .79 1.39 0.92 .85
R2 .71 0.87 0.77 .57
R3 .68 1.40 0.90 .80
CI .52 0.29 0.54 .63
C2 .77 0.48 0.73 .76
C3 .93 0.52 0.77 .85
I1 .81 1.87 0.91 .85
I2 .98 1.73 0.94 .87
I3 .65 1.43 1.06 .65
ω

 

.78 .84 .80 .87

 Note. Les saturations inférieures à .26 ont été supprimées

Annexe 2

Statistiques descriptives, oméga et corrélation pour les dimensions de l’EEAH, de la SWLS et de la DASS.

  N EEAHa EEAHr EEAHc EEAHi Mean SD ω
EEAHa 445 0.94 0.65 0.78
EEAHr 445 .59*** 1.22 0.75 0.84
EEAHc 445 .57*** .53*** 0.43 0.58 0.80
EEAHi 445 .51*** .66*** .38*** 1.68 0.86 0.87
SWLS 218 -.13 -.18** -.19** -.11 5.02 1.25 0.83
DASSs 218 .31*** .26*** .25*** .19** 1.14 0.71 0.88
DASSa 218 .17* .19** .19** .11 0.73 0.73 0.89
DASSd 218 .34*** .26*** .33*** .22** 1.09 0.75 0.89
Climat 1 218 .36*** .48*** .22*** .50*** 3.33 1.34
Climat 2 218 .25*** .38*** .17* .43*** 3.03 1.27

Note. * p < .05, ** p < .01, *** p < .001. EEAHa : moyenne dimension sentiments d’anxiété de l’EEAH ; EEAHr : moyenne dimension pensées ruminatives de l’EEAH ; EEAHc : moyenne dimension symptômes comportementaux de l’EEAH ; EEAHi : moyenne dimension impact personnel sur la planète de l’EEAH ; SWLS : moyenne à l’échelle satisfaction de vie ; DASSs : moyenne dimension stress de la DASS ; DASSa : moyenne dimension anxiété de la DASS ; DASSd : moyenne dimension dépression de la DASS. Climat1 : moyenne des réponses à la première question sur le climat. Climat2 : moyenne des réponses à la deuxième question sur le climat.

[1] Le moteur de recherche accessible en ligne du répertoire du Classement international des maladies (CIM), supervisé par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), a été consulté le 30/08/2022 en utilisant les requêtes “éco-anxiété” et “éco-pathologie”. Le résultat obtenu pour ces deux requêtes est “not found”.

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